jeudi 25 mai 2017

CHEMIN DE FER de Julien MABIALA BISSILA au Niger

Le sassayeé Théâtre au Festival EMERGENCES-ARTS ET RACINES au Niger
Il est représenté avec le spectacle CHEMIN DE FER de Julien MABIALA BISSILA

Direction d'acteur: SUFO SUFO TAGNE
Interprétation, Mise en scène: Patrick Alex DAHEU

Une vue de l'histoire...
"

Il raconte.
Il vit.
Il raconte et vit son histoire.
Il se voit dans son histoire. Il se reconnait sans se reconnaitre. Il est médecin dans un hôpital. Il y a beaucoup de « vacancier » ; les victimes de la guerre qui sont entre la vie et l’autre côté. Il téléphone à sa famille. Ça hurle de partout. Les couloirs sont plein de cordonniers-chirurgiens qui confondent la chair humaine aux caoutchoucs de chaussure. Une explosion l’envoi ailleurs.
Il marche. Il est le moteur de la brouette. Sa mère est dans la brouette. Il faut prendre le train, le dernier train avant que le bal des balles ne recommence. Ils sont dans le train, il y a foule, Willy Marley, soldat précoce, vole la vie du conducteur avec sa kalachnikov alias Maria kalache la chaudasse. Il a peur. Le train avance, il roule sur un chemin de chair. Un autre train arrive sur les mêmes rails, puis, une mixture de corps, la sauce rouge coule à flot.
Il n’est pas mort, pas encore. Il entend avec son nez, ce n’est pas normal. Il suit la foule, il cherche sa mère. Un bureau de douane improvisé, capot calciné d’une voiture de marque. Il faut s’identifier, ça passe ou ça meurt. L’ethnie décide pour chacun. Il n’a pas de carte, il est mis à part, il est questionné, il n’est pas le seul. Le douanier, Lucky Luke, un somptueux collier de balles de cuivre au cou, fume un pétard et les relâche. Il y a un incident, une question est posée : pourquoi petit à petit ne peut pas être un oiseau ? Pas de réponse. Maria Kalache la chaudasse se mêle à la danse et fait perdre la tête à tout le monde, des cervelles grillées sur le sol.
Plus de danse. Plus de bruit. Il a la bouche pleine de sang. Le douanier, Lucky Luke à la tuyauterie de la gorge en panne. Il comprend. Il ne comprend pas. Il est vivant.
Il raconte.
Il vit.
Il raconte et vit son histoire."

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